En dépit d’une forte augmentation de la demande (11% de baux supplémentaires signés), les loyers ont baissé de 1,1% en moyenne en 2015, selon l’observatoire Clameur. Et cela continue en ce début d’année. « Les loyers ont encore diminué en janvier et février de 0,8% en rythme annuel et cette tendance devrait persister », analyse Michel Mouillart, professeur d’économie à l’université Paris-Ouest-Nanterre et auteur de l’étude. La chute est générale. Elle concerne 70% des villes de plus de 150 000 habitants. Les loyers baissent ainsi de 3,3% à Paris, 2% à Nantes, 0,5% à Marseille… (voir tableau).Une baisse qui s’ajoute à celle de l’an dernier (- 1,3% à Paris, – 3,9% à Marseille…).
Plus spectaculaire, la correction concerne pour la première fois les logements de 4 et 5 pièces. Les loyers de ces grandes surfaces diminuent respectivement depuis janvier de 1,6 et 0,4% « l’offre étant limitée, jamais ils n’avaient baissé depuis 1998 », relève Michel Mouillart. Les 4 pièces représentent en effet seulement 12% des locations proposées et les 5 pièces, 6%. L’explication ? Les candidats à la location ont un pouvoir d’achat de moins en moins élevé, les plus aisés ayant franchi le pas de l’accession à la propriété. «43% des locataires du privé bénéficient des aides au logement, aides qui n’ont pas été revalorisées depuis plusieurs années », constate Michel Mouillart.
Cette détérioration des recettes locatives a une conséquence : les logements sont moins bien entretenus. Seulement 16% des relocations l’ont été après travaux. Et pour certaines, les bailleurs ont engagé ces dépenses à contrecœur parce qu’elles étaient une condition nécessaire pour retrouver un locataire.
Paris, qui faisait figure d’exception, n’échappe pas à la morosité. Au contraire, il souffre davantage. La capitale n’a pas enregistré le rebond d’activité qu’ont connu les autres métropoles. « Nous sommes dans un marché de pénurie. Les locataires ont peur. Ils ne déménagent plus », explique Michel Mouillart. La baisse des loyers est même plus importante que dans le reste de l’Ile-de-France : – 3,3% contre – 2,3% depuis janvier et – 0,2% en régions. Aucun logement n’y échappe :les 5 pièces chutent de 1,3% ; les 4 pièces, de 1,6%, les 3 pièces, de 2,4% ; les 2 pièces, de 2,1% ; et les studios, de 4,5%.
Ce mouvement relativise la justification de l’encadrement des loyers avancée par ses partisans !